Développement d'Europe 1 et RTL sur la bande MF : le CSA livre les chiffres
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Le Conseil supérieur de l'audiovisuel a encouragé la manifestation « Vive la radio », dès que l'idée en a été émise, et contribué pour sa part à son succès.
Cette manifestation s'est déroulée dans un excellent climat d'unanimité confraternelle.
Le Conseil n'en regrette que plus vivement que RTL et Europe 1 aient cru bon de se singulariser en se livrant sur leurs antennes à une campagne de désinformation et de dénigrement à l'encontre de la politique d'attribution des fréquences mise en oeuvre par le Conseil.
Celui-ci estime indispensable de redresser les contrevérités énoncées à cette occasion.
1) Contrairement à ce qui a été dit à l'antenne de RTL et d'Europe 1, le CSA a publiquement affirmé dès 1989 la nécessité d'installer les radios périphériques sur la bande MF, pour favoriser le pluralisme de l'information.
Il l'a fait.
A chaque appel aux candidatures le Conseil a augmenté la desserte des radios périphériques en modulation de fréquence.
Globalement, la zone de couverture légale en modulation de fréquence est passée, pour les cinq régions replanifiées à ce jour par le Conseil (Bourgogne-Franche-Comté, Provence-Alpes-Côte d'Azur, Champagne Ardenne, Centre et Normandie) :
- pour RTL, de 2,1 millions à 5 millions (+ 138 %) ;
- pour Europe 1, de 1,5 million à 4,8 millions (+ 220 %).
Même en tenant compte des fréquences irrégulièrement exploitées par RTL et Europe 1 avant les appels aux candidatures, la progression reste importante :
+ 35 % pour RTL
+ 37 % pour Europe 1.
2) Il est exact qu'en Provence-Alpes-Côte d'Azur, Europe 1 et RTL, qui émettaient jusque-là illégalement à Toulon, pour Europe 1, et à Cannes, pour RTL, n'ont pas obtenu d'autorisations dans ces deux villes.
En revanche, les deux sociétés ont été pour la première fois autorisées à couvrir deux métropoles méditerranéennes : Marseille et Nice.
3) Les ambitions d'Europe 1 et de RTL doivent être nécessairement conciliées avec celles des radios présentes avant elles sur la bande MF, qu'il s'agisse des radios associatives, des radios indépendantes ou des réseaux musicaux.
La prise en compte de leurs ambitions ne saurait conduire à leur attribuer une part léonine des ressources hertziennes.
Il est aisé de comprendre que la rareté des fréquences radioélectriques oblige le Conseil à des arbitrages qui font inévitablement des mécontents.
4) Europe 1 et RTL croient pouvoir comparer les attributions dont elles ont bénéficié depuis 1989 et la dotation globale du service public.
C'est méconnaître que celui-ci bénéficie d'une priorité voulue par le législateur : de nouvelles fréquences lui sont affectées en vertu de l'article 26 de la loi du 30 septembre 1986 qui fait obligation au CSA d'accorder à Radio France les fréquences nécessaires à l'accomplissement de ses missions de service public.
Les fréquences ainsi demandées le sont le plus souvent pour desservir des zones de faible densité dont se désintéressent les radios commerciales. C'est ainsi par exemple qu'en Lozère, aucune demande n'a été présentée par RTL, et une seule par Europe 1, alors que France Inter y utilise quatre émetteurs et postule pour l'utilisation de quatre autres dans le cadre du nouveau plan de fréquences afin que son programme soit entendu dans les villages les plus éloignés.
5) La vérité est que RTL et, dans une moindre mesure, Europe 1 n'ont pas cru pendant longtemps à la modulation de fréquence. Ainsi, en 1989, RTL n'avait toujours pas utilisé toutes les autorisations qui lui avaient été délivrées en 1986.
La bande MF ne les a intéressées que récemment et d'abord dans le cadre d'une stratégie de diversification qui les a conduites à demander et obtenir de nombreuses autorisations pour un deuxième réseau à format musical (Maxximum et Europe 2).
Mesurant aujourd'hui leur erreur stratégique, et face à la montée en puissance des radios thématiques privées et du service public, elles tentent fallacieusement d'imputer leur retard à une discrimination dont elles feraient l'objet de la part de l'instance de régulation.
6) Dans ces conditions, le Conseil déplore que les deux stations aient organisé sur leur antenne un débat peu documenté, partial et désobligeant.
Le Conseil communiquera aux chroniqueurs qui se sont exprimés au cours de ce débat les éléments d'information dont ils n'ont manifestement pas disposé avant de porter des jugements aussi péremptoires qu'infondés.