Écoute de la musique en streaming audio - Analyse et comparaison avec la radio

Publié le 27 janvier 2022

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Les services de streaming audio profitent d'une popularité croissante. L'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique, l'Arcom, publie une étude sur l'écoute de la musique en streaming audio.

Synthèse

Les services de streaming audio ont connu ces dernières années une croissance extrêmement soutenue : les volumes de streams sur ces services sont ainsi passés de 28 milliards en 2016 à 85 milliards en 2020 et ce ne sont pas moins de 20 millions de personnes qui utilisent aujourd’hui des services de streaming audio. Dans le même temps, la radio constitue toujours un média central dans l’accès à la musique : les programmes radiophoniques musicaux sont ainsi écoutés quotidiennement par 17,5 millions de personnes en 2021. Les évolutions du média sont cependant moins favorables et, année après année, le pourcentage d’auditeurs de la radio diminue, de même que le temps consacré par les auditeurs au média. Ces baisses sont plus particulièrement marquées pour les programmes musicaux.

Ces tendances opposées, dans un contexte par ailleurs marqué par une asymétrie réglementaire entre les éditeurs de radio et les services de streaming, ont naturellement conduit le régulateur à souhaiter mieux comprendre les pratiques en matière de streaming et les consommations des utilisateurs de ces services, notamment par rapport aux usages de la radio, qui sont aujourd’hui mieux connus et plus documentés. Les services de streaming étudiés dans cette étude comptent parmi les plus grands acteurs du secteur : Spotify, Deezer, Apple Music et YouTube.

Les comparaisons entre la radio et le streaming doivent nécessairement être maniées avec précaution, que ce soit en raison des différences sociodémographiques qui subsistent entre les utilisateurs des deux types de services (même si les services de streaming touchent aujourd’hui toutes les catégories d’âge, les populations les plus âgées restent sousreprésentées parmi leurs utilisateurs) ou en raison de leur différence fondamentale de nature : programmation orchestrée par l’éditeur dans un cas, accès à la demande sur la base d’un vaste catalogue dans l’autre. De nombreuses études montrent cependant que les services de streaming ont également la capacité d’orienter les écoutes de leurs usagers par différentes méthodes : recommandation algorithmique, composition des playlists gérées par l’opérateur ou encore mise en avant de certains titres sur la page d’accueil.

L’étude montre tout d’abord que, sur la totalité des services de streaming étudiés, les titres rencontrant le plus de succès sont très majoritairement francophones, ce qui contraste avec le média radio, où titres anglophones et francophones font globalement jeu égal. Le rap exerce par ailleurs une domination très nette parmi les titres les plus écoutés sur les services de streaming alors que la radio connait, toutes stations confondues, une répartition beaucoup plus équilibrée des genres musicaux. Ces deux premiers résultats sont très directement liés puisque le rap est aujourd’hui principalement écouté en langue française. Par ailleurs, les titres les plus écoutés sur les services de streaming font l’objet d’écoutes fortement concentrées. Sur certains services, les 10 % de titres les plus écoutés concentrent jusqu’à 60 % des écoutes ; la radio montre, elle, une concentration moins marquée. Autre différence notable, les titres restent beaucoup plus longtemps dans les meilleurs classements de la radio (12 semaines) que dans ceux des services de streaming, où la rotation est plus rapide (autour de 3 semaines de présence). Les titres atteignent également plus fréquemment un succès important sur les services de streaming avant de rencontrer le succès en radio. En plus d’analyser les usages des auditeurs, l’étude se penche également sur les pratiques de mise en avant des titres par Spotify.

Cette mise en avant est analysée selon trois axes : la constitution de listes de lecture (playlists), la mise en avant de ces playlists sur la page d’accueil du service et enfin la recommandation algorithmique opérée par le service. L’étude montre que les playlists les plus populaires, de même que celles mises en avant par Spotify sur sa page d’accueil, sont majoritairement composées de titres anglophones. Par ailleurs, si le rap reste le genre dominant au sein des playlists les plus populaires, les listes de lecture mises en avant présentent une diversité de genres plus marquée, avec notamment une présence soutenue du pop/rock. Enfin, l’analyse préliminaire d’un algorithme de recommandation menée par l’Arcom permet de souligner l’importance de la langue des titres dans le fonctionnement de l’algorithme.

L’Arcom a réalisé cette étude en se fondant sur les seules données d’usage rendues publiques par les services de streaming. Les travaux à venir de l’observatoire de la diversité musicale du Centre national de la musique, dont l’Arcom est partenaire, pourront apporter un éclairage supplémentaire sur l’impact des nouveaux modes d’écoute sur la diversité musicale.

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