Discours de Roch-Olivier Maistre, président de l’Arcom Ouverture des Assises de la radio 2023

Publié le 16 juin 2023

  • Conférence de presse

Seul le prononcé fait foi 

      

Mesdames et messieurs, chers amis,

Je suis très heureux de vous accueillir ce matin à l’Arcom pour ouvrir avec vous les Assises de la radio. Il s’agit cette année de la troisième édition de la fête de la radio, lancée à l’initiative du régulateur en 2021 avec le parrainage du ministère de la culture. C’est bien sûr un grand plaisir de vous voir si nombreux pour échanger ensemble sur l’avenir d’un média cher à nos cœurs.

Comme j’ai souvent l’occasion de le rappeler, la mission de l’Arcom auprès des opérateurs radios ne se limite pas à attribuer des fréquences ou des autorisations, ni à contrôler les obligations qui leur incombent. Le régulateur est d’abord et avant tout aux côtés des éditeurs pour les accompagner dans le mouvement de transformation du paysage audiovisuel français et dans la facilitation de leurs échanges avec les pouvoirs public.

Ces Assises ont précisément pour objectif de vous réunir, de mettre en valeur l’extraordinaire richesse et diversité de notre paysage radiophonique, ainsi que l’engagement de toutes celles et tous ceux qui font vivre les quelques milles radios qui rythment nos vies quotidiennes avec des équipes toujours passionnées.

Permettez-moi de remercier chaleureusement Hervé Godechot, membre du collège de l’Arcom et président du groupe de travail consacré à la radio et à l’audio numérique, ainsi que l’ensemble des équipes de l’Autorité engagées dans la préparation de l’évènement. Je pense en particulier à la direction de la radio et de l’audionumérique pilotée par François-Xavier Meslon, dont les collaborateurs sont vos interlocuteurs privilégiés au quotidien, mais aussi à la direction de la communication placée sous la responsabilité de Marie Liutkus. Un grand merci aussi à tous les intervenants de ce jour, qui se sont mobilisés pour partager avec nous leurs expériences et réflexions, dans des agendas professionnels que j’imagine très contraints.

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Je voudrais profiter de votre présence pour rappeler les nombreux atouts d’un média radio en pleine transformation et souligner ensuite le rôle du régulateur pour l’accompagner au mieux dans ses évolutions.

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Face aux mutations de son environnement, tant sur le plan technologique qu’économique mais aussi sur celui des usages, la radio a démontré sa capacité d’adaptation et d’innovation.

La radio, nous le savons, est par excellence le média du quotidien et de la proximité. Nous sommes 40 millions de Français, soit près des deux tiers, à l’écouter chaque semaine, pour une durée moyenne de plus de 2h30 par jour. C’est aussi le média auquel les Français accordent en priorité leur confiance pour s’informer : ce lien tangible avec le public est un capital précieux.

Cet attachement se traduit d’ailleurs dans le niveau d’équipement des Français, comme l’a rappelé notre dernier référentiel des usages numériques réalisé en collaboration avec l’Arcep. Il en ressort que, fin 2021, 100% de la population disposait d’un équipement permettant d’écouter la radio. Plus de 80% de l’écoute de la radio se fait toujours en hertzien, tout simplement sur un poste de radio.

Les chiffres du référentiel mettent aussi en évidence l’évolution rapide des usages, comme dans le reste du paysage audiovisuel, avec des modalités d’écoute qui se transforment, l’arrivée de nouveaux acteurs comme les plateformes de streaming musical et des formats qui se diversifient. L’usage quotidien des enceintes connectées est de plus en plus courant : il s’élève à 13%, en augmentation de 5 points en un an. De son côté, le podcast se développe également très rapidement, que ce soit dans un format de rattrapage ou natif. Il a réellement trouvé son public, en répondant à de nouvelles attentes ou habitudes, en permettant de développer de nouveaux contenus ad hoc, parfois plus approfondis ou thématisés – ce qui en fait une opportunité à la fois pour les auditeurs et pour les radios.

C’est d’ailleurs l’essor de ce format qui nous a conduits, avec le ministère de la culture, à mettre en place un observatoire pour mieux étudier ce nouveau marché.

Ces différentes innovations soulignent l’agilité et la capacité d’innovation des acteurs, qui, malgré leur diversité, parviennent à se fédérer face aux transformations en cours. A cet égard, on ne dira jamais assez combien l’union est essentielle : nous devons rassembler nos forces pour faire face à ces mutations.

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De son côté, le régulateur a à cœur d’être aux côtés des opérateurs radiophoniques pour les aider à tirer le meilleur de ces transformations et des opportunités qu’offre leur nouvel environnement numérique.

A cet égard, le déploiement de la radio numérique, le DAB+, ouvre de nouvelles perspectives, tant dans le confort et l’expérience d’écoute pour l’auditeur que dans le dynamisme du paysage, en permettant l’arrivée de nouveaux acteurs et de formats originaux, et donc de nouveaux auditeurs puisque la radio est un média d’offre. A ces avantages bien connus s’en ajoutent au moins deux autres, tout aussi importants : un impact environnemental favorable, cette technologie étant plus économe en énergie que la bande FM ou internet, et l’absence de risque de désintermédiation pour les acteurs.

Nous avons déjà franchi avec vous des étapes décisives dans le déploiement du DAB+. Près de 50% de la population métropolitaine et 35 villes de plus de 150 000 habitants sont déjà couvertes par un multiplex. Au total, 562 radios de toutes catégories diffusent d’ores et déjà en DAB+. Après une étape importante en octobre 2021 avec le lancement des multiplex métropolitains, d’autres démarrages ont eu lieu ou sont prévus pour 2023 : je pense à Reims, Troyes, Montpellier, Perpignan, Rennes, Nancy, Metz, Brest, Pau, Bayonne ou encore Clermont-Ferrand, pour ne citer que ces bassins.

L’Arcom prévoit également d’étendre la couverture sur des zones moins denses, comme Laval, Périgueux, ou encore en Corse – ou j’étais la semaine dernière à la rencontre des radios locales. L’outre-mer a de son côté l’autorisation de mener des expérimentations, c’est le cas en Martinique depuis janvier dernier.

L’équipement des foyers progresse : en 2022, 15% des 13 ans et plus étaient équipés d’un poste fixe DAB+, une proportion qui devrait se renforcer avec les déploiements, en plus du montage obligatoire dans les véhicules neufs – nous estimons d’ailleurs que 4 millions de poste ont été vendus dans l’année. A cet égard, nous pouvons nous réjouir que la proposition de loi portée par le sénateur Lafon prévoie que tous les équipements de radio devront à l’avenir permettre la réception en DAB+.

Le DAB+ n’est certes pas la réponse unique aux mutations du secteur, mais il constitue un atout essentiel pour dynamiser le média radio et son image. Cette stratégie de déploiement de la radio numérique s’inscrit aujourd’hui clairement dans une dynamique européenne, avec d’autres voisins qui en sont au même stade ou à une étape plus avancée : je pense à la Norvège, la Suisse, le Royaume-Uni, l’Allemagne, la Belgique, les Pays-Bas ou encore l’Italie.

Il y a aujourd’hui pour nous en France un enjeu très important de communication autour de cette technologie auprès du grand public mais aussi des relais d’opinion les plus influents, comme les élus locaux. L’Arcom s’y emploie – nous avons d’ailleurs fait ce mercredi une présentation du DAB+ aux membres de la commission des affaires culturelles de l’Assemblée nationale et nous prévoyons de réunir prochainement les principaux vendeurs de postes de radio pour les sensibiliser. Mais il revient aussi et surtout aux opérateurs de se saisir pleinement de ce dossier. C’est le sens de la création cette année de l’association de promotion du DAB+, dont nous nous réjouissons. Au-delà des outils d’information au public sur les avantages et la couverture du DAB+, il est nécessaire aujourd’hui de développer des outils de mesure de l’audience adaptée à l’évolution des usages. Information is power, comme disent les Anglais, et nous avons besoin de ces éléments pour progresser collectivement.

L’interrogation sur la durée de la cohabitation FM/DAB+, inévitable et qui suscite des coûts importants, pour lesquels nous avons sollicité un accompagnement financier du côté du Gouvernement au titre du FSER, est également structurante. Elle doit nous inviter à réfléchir collectivement à l’avenir que nous imaginons pour ce média auquel nous sommes si attachés. Il s’agit d’un sujet pour lequel nous n’avons pas de précédent, puisque le déploiement du DAB+ dans une bande de fréquences autre que la bande FM et l’absence de réaffectation de celle-ci la distinguent de la réflexion menée pour le passage au tout numérique de la télévision.

C’est donc pour ouvrir officiellement cette réflexion que nous avons décidé d’élaborer un livre blanc sur l’avenir de la radio en France. Cette initiative, comparable à celle menée en 2021 par le ministère de la culture britannique, est menée en lien avec tous les acteurs concernés, y compris la DGMIC. Le livre blanc aura vocation à dresser un état des lieux le plus large possible du secteur de la radio en France, notamment en comparaison avec d’autres pays européens et en évoquant à la fois la dynamique économique, les transformations technologiques, le cadre juridique et l’évolution des usages. Nous prévoyons de rendre nos conclusions au premier trimestre 2024, en espérant qu’elles contribuent utilement au débat public pour dessiner la radio et l’audio numérique de demain. Parallèlement à cette réflexion, l’Arcom vient de lancer une consultation la question de la liste des services d’intérêt général : nous attendons vos contributions pour le 13 juillet.

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Mes chers amis, notre paysage audiovisuel est aujourd’hui engagé dans une phase de mutations majeures. Elle suscite des interrogations naturelles et exige de tous un effort d’adaptation, car le statu quo est tout simplement impossible. J’ai la conviction que nous pouvons regarder l’avenir avec confiance car nos atouts, nos fondamentaux, sont solides et nous avons la chance d’avoir la confiance des Français, ce qui est sans prix. Soyez assurés de notre détermination à vous accompagner pas à pas.

Merci beaucoup pour votre écoute et votre attention.

Excellente journée.